Notre Dame de Beaulieu - le pelerinage - L'Eglise St Jean Baptiste - Paulhac en Margeride - Histoire et Memoire

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Notre Dame de Beaulieu - le pelerinage - L'Eglise St Jean Baptiste

En septembre le pèlerinage qui avait lieu à Paulhac se déplace aujourd'hui à la Chapelle de Beaulieu.
Les vestiges reconstruits  de la chapelle se trouvent sur la commune de Paulhac , au dessus du hameau de Vachelerie , au lieu dit Tombatou ( Combalou )

 
Le site de Beaulieu

Bien qu’il soit impossible d’en situer l’emplacement exact, il semblerait, d’après les archives religieuses du Puy, qu’un Beaulieu primitif dit « le vrai » existait bien avant le site actuel. Mais les ruines n’ont jamais été reconnues. Toutefois un immense massif de pierres dégagées à quelques centaines de mètres sur le versant est de la montagne de Beaulieu, du côté de Servières (43), laisse supposer quelques chose d’imposant ;peut-être un temple païen ? Comment peut-on sinon expliquer un tel amoncellement de pierres, unique sur cette montagne ?  Note du webmestre : cette version mérite d’être approfondie avec les nouveaux éléments découverts , en cours d’enquête .
 
 
Les pèlerinages du Moyen Age :
 Il faut certainement remonter à l’an 970, où fut accordé le jubilé à ND du Puy, et son maintien ensuite dans le temps, pour
trouver l’origine de cette ville comme point de concentration des pèlerins pour St-Jacques de Compostelle aux côtés des
itinéraires partant de St Martin de Tours, de la Madeleine de Vézelay, de St Guilhem le Désert ou d’Arles.
 Mais, en choisissant comme point de départ la ville du Puy, le pèlerin ne prenait pas l’itinéraire le plus facile. Car pour aller du Puy à Conques, il lui fallait d’abord franchir les difficiles sommets de la Margeride et traverser ensuite les vastes étendues glaciales du plateau de l’Aubrac.
 Et après son départ de Saugues, qu’il n’imagine pas se diriger vers Lajo en pensant trouver en cas de difficulté un refuge à l’Hospitalet car sous cette appellation tentante il n’aurait alors trouver qu’une simple dépendance de l’hôpital du Puy - d’où son nom - destinée à la perception des redevances sur Lajo. Non, une des rares possibilité s’offrant à lui consistait à suivre le chemin qui menait directement au village de Vachellerie, sorte de conque abritée près de Montchauvet au milieu des prairies et des bois. Le notaire de Nasbinals, J.Pierre Dalle, qui est en même temps arpenteur dans son « terrier » de Paulhac en 1742, est d’ailleurs suffisamment précis à ce sujet. Rapportant les censives dues par Jean Galvier, habitant de Vachellerie, aux Religieux de St-Jean de Jérusalem, pour un champ appelé la « besse de la môle », il ajoute ainsi :
« confrontant du Levant avec le chemin allant du village de la Vachellerie à Saugues. »
 
La dénomination du lieu d’accueil ne trompe pas lui non plus. Au milieu des difficultés de la Margeride, le site de Beaulieu apparaissait bien comme une sorte de « niche » protégée où grâce au refuge implanté, le pèlerin pouvait trouver des provisions de bouche et un toit contre la nuit froide.
 
Un procès-verbal de visite de la chapelle de Beaulieu par le délégué de l’évêque de Mende, en date du 21 mai 1631, fait appel à ce titre de patron et au droit de propriété qui en découle, pour que soit effectué dans la chapelle les réparations indispensables :
 
« Il n’est rien d’urgent comme la chapelle de ND de Beaulieu, qui près de Brassalière et de Vachellerie, en la paroisse de Paulhac, laquelle étant autrefois un lieu de grande dévotion, s’en va en ruine, par la faute que le chapelain nommé Mre Chapot, qui est en Dauphiné, n’y rend aucun service, n’y fait aucune réparation, bien que le revenu de cette chapelle, qui consiste en prés et en bois, en rente comme blé, huile, argent et poules à prendre sur les villages circonvoisins, savoir les Couffours, la Vachellerie et autre qui vont pour le moins à cent livres. Partie des quatre murailles sont autour droites et l’autel qui y est n’est pas sacré.
Pour dépens à réparer la dite chapelle, il serait bien à propos de faire assigner ledit chapelain et faire saisir les revenus de cette chapelle entre les mains des rentiers qui sont au Malzieu. Le nom desquels on ne m’a pas voulu donner dans le lieu dudit Paulhac. M. du Besset en est patron, sur ce doit être pourvu, tant pour faire le divin service qu’on y doit faire, que pour réparer ladite chapelle ».

 
Mais le procès-verbal de visite de 1631 nous apprend aussi plusieurs choses. Tout d’abord il est effectué peu de temps après la fin des guerres de religion où la région de Margeride a subi par deux fois les déprédations du chef protestant Mathieu Merle.
 Ensuite, il nous confirme bien qu’autrefois ND de Beaulieu était « un lieu de grande dévotion » avant que les grands pèlerinages du Moyen-âge ne soient suspendus avec les guerres et l’invasion anglaise.
 Enfin il nous apprend que la chapelle est desservie par un prêtre bénéficier qui jouit des revenus de la fondation et dont l‘estimation est approximativement rapportée dans un document de 1670 :
 
«  Etat des revenus dus au prieuré ou chapelle de Notre Damme de Beaulieu levés sur la liève de l‘année 1670 alors tenue par Pierre Tuffier :
  1er, le lieu de Vachellerie situé en la paroisse de Paulhac. Il est du par les habitants dudit lieu une rente annuelle argent
3 h 9 s d’argent, 9 sols, 1 denier. Six setiers, 6 boisseaux de seigle. 1 quart de boisseau, le tout de la petite mesure du Malzieu avoine, cinq raz….6 gélines, 19 onces d’huiles.
 2e , plus il y a une redevance due à ladite chapelle par les habitants du lieu de Couffours Méjo situé en la paroisse du Malzieu qui ne monte qu’un cestier et 4 boisseaux de seigle le tout tenu par les bourgeois de la ville du Malzieu .
 3e , plus il est du une petite redevance à ladite chapelle par les habitants et tenanciers du lieu de Gizérac situé en la paroisse de St-Léger sous le Malzieu qui consiste annuellement en un cestier 6 boisseaux de seigle non payés….faute de titres…
 4e , enfin il y a un revenu à ladite chapelle de forestage du bois….joignant le pré et pastural dessous les susdits ; affermé le tout pré et pastural pour la somme annuelle de 34 livres.
 Ce de quoi je peux attester et certifier véritable pour l’avoir vu et examiné.
De même que les charges qu’on dit les décimes monter annuellement la somme de 36 livres.
Plus l’on donne au vicaire qui dessert ladite chapelle 10 livres et avec l’abbé de Chamblas, chapelain de ladite chapelle tous les ans portés au prix de 36 H livres, faisant les charges de 82 livres.
 Ce que la chapelle ni les revenus de celle-ci ne rapporte pas ».
 
Comment donc, avec ces charges plus lourdes que les recettes, le chapelain aurait-il pu entretenir la chapelle ?

Sous l’impulsion des Comités de salut publique la terreur révolutionnaire va pénétrer, avec les colonnes mobiles qui parcourt le département, jusqu’aux extrémités de celui-ci.
Dans la région, l’anxiété est générale. Personne n’ignore les exécutions à St-Chély de l’abbé Plagnes, l’arrestation et la mort de l’abbé Charrier, curé de Malbouzon, et celle d’Antoine Gibelin, qui lui avait donné asile.
Paulhac et son église ne vont pas échapper au pillage. Et si le curé Dumont peut continuer son ministère, c’est d’après la tradition populaire qu’il le doit à son grand âge et à ses infirmités. Il est devenu aveugle.
Le village de Vachellerie et sa chapelle de Beaulieu n’attire pas les convoitises. Mais, par crainte d’une profanation de sa Vierge, la famille Roux de Vachellerie, cache chez elle la statue.
Au lendemain des menaces révolutionnaires, le culte marial refleurit. Dès 1798, 1799, on peut même, d’après le témoignage de l’abbé Pourcher, parler d’un véritable retour aux importants pèlerinages.
Avec le concordat de 1802 la liberté religieuse renaîtra définitivement mais les biens spoliés par la Révolution ne sont pas rendus.
Les dépendances de Beaulieu, la chapelle de 90 m2, les près et les bois ont été acquis aux enchères publiques par Bès de Berc de St-Chély d’Apcher, propriétaire du domaine de Brassalière qui les a ensuite revendu à Joseph Tufféry, dit Besse, de Vachellerie. Malgré tout, les pèlerinages reprennent nombreux et fervents. Un ordre des paroisses voisines est même assigné, dans l’octave de l’Assomption où chacune à tour de rôle vient honorer ND de Beaulieu.
Mais la présence de cette foule ne va sans poser des conflits avec le nouveau propriétaire des lieux. A l’occasion d'un 15 août , suite peut-être au piétinement du pâturage non fauché ou insultes des pèlerins à l’acquéreur,  toujours est-il que celui-ci menace la foule et, dans un mouvement de colère, veut enlever la statue. Mais, d’après des témoignages, il n’aurait pu achever son geste, son cheval s’étant enfoncé dans une tourbière.
Toujours est-il qu’à la suite de cet incident, le clergé de Paulhac décide de transférer dans l’église paroissiale la statue de ND de Beaulieu où elle siège toujours.

                

 
La statue de Notre Dame de Beaulieu
 
La statue de ND Beaulieu mesure 58 centimètres de hauteur. C’est une vierge assise dont le siège, dépourvu d’accoudoirs bas et simplement nervuré, traduit l’ébauche plus que le fini de l’œuvre. La main droite, les doigts à demi fermés, tandis que l’avant bras se soulève, indique un geste et suppose un attribut. S’agirait-il d’un sceptre symbolisant la puissance d’intersession ou de l’accueil plus familier réservé à l’offrande d’une fleur ?
Le voile posé sur la tête retombe en arrière des épaules et laisse apparaître une partie des cheveux dont l’ondulation stylisée encadre le visage.
Le vêtement très simple se réduit à une robe qui laisse le cou dégagé et est serrée à la taille par une ceinture. La posture assise règle l’ondulation des plis du vêtement qui retombe sur les pieds sans connaître la lourdeur des plis en escaliers caractéristiques des Vierges primitives. Nous n’aurons rien non plus de la posture aisée, de la beauté majestueuse, du décor gracieux des Vierges gothiques.
Une note particulière de la statue est la calotte dont elle est coiffée. L’enfant Jésus est caractérisé de la même manière, mais à plus grosses côtes convergeant vers le sommet de la tête. ND de Beaulieu a les lèvres pincées et les pommettes saillantes : elle est à l’opposé physique de la Vierge d’or de Clermont au type sarrazin.
Le bois de la partie antérieur est d’un seul bloc, tandis que l’arrière rapporté aurait pu constituer un reliquaire, comme à ND de Mende.
          Quel est l’artiste à l’origine de cette statue ? Nous l’ignorerons probablement toujours. Mais, même avec son style personnel, les ressemblances avec les Vierges de ND du Puy ou de ND d’Estour laisse supposer que l’artiste s’est inspiré de ces modèles. L’appellation locale de « sœurette » laisse supposer que c’était la statue la plus récente et la plus petite.



 
En 1961 , une reproduction de la statue de Notre Dame de Beaulieu est installée sur le rocher auprès de l'Eglise St Jean-Baptiste de Paulhac grâce aux dons des familles de la commune et des pèlerins .

 
Ci-après des photos du pèlerinage le 15 aout à Paulhac au fil du temps .
La photo ci-dessous , de faible qualité , montre la messe du 15 aout en 1947 . On apercoit au fond l'autel dressé derrière l'eglise mais aussi la ferme partiellement detruite en juin 1944 .
Ci-dessous une photo de l'entrée de la messe en aout 1958 , à l'arrère plan on apercoit la sonorisation mobile sur le toit d'une Panhard peut etre une version Grand Luxe
 
 
 
Le pèlerinage du 15 aout donne lieu à une procession dans les rues du village.
 
Dans le passé les cérémonies duraient la journée complète. Le village recevait de nombreux pèlerins, venus parfois de très loin car les familles se retrouvaient pour une journée de prières, célébrations mais aussi de fêtes dans les maisons familiales ou simplement autour d'un pique-nique dans les près environnants.
 
Quelques camelots animaient la place du village ; vendeurs de primeurs, babioles, épicerie et pour le bonheur des enfants pétards, ballons, jouets et autres divertissements.
 
Trois célébrations avaient lieu dans la journée, aujourd'hui une messe unique se termine par la procession toujours accompagnée par les chants retransmis par la sonorisation sur le parcours.
 
La messe principale est toujours célébrée dans la cour de l’église, l'autel sous le couvert d'un podium, et parfois la petite cour ne peut accueillir tous les pèlerins.
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